JAUNE, LA COULEUR DE LA REVOLTE

Auteur: 
Thomas Flichy de La Neuville
Date de publication: 
13/1/2019

Le jaune a longtemps été la couleur de la révolte : Au printemps de l'an 184, Zhang Jiao, fondateur de la secte taoïste Taiping soulevait le peuple chinois contre la dynastie Han, jugée décadente et corrompue. Les partisans de Zhang arboraient sur leur front un foulard jaune en signe de ralliement, ce qui donna son nom à la révolte des turbans jaunes. Tchang l’ascète parcourait alors les rues en s’écriant : « Le ciel gris est mort, le ciel jaune va paraître ; la dynastie des Han s’éteint, une autre va la remplacer »1. Couleur des révoltés, le jaune est également celle des réprouvés. Au Japon, par exemple, les Jinin sont des gens de statut subalterne affectés au sanctuaire Kasuga. Ils portent des vêtements jaunes, symbole de leur situation sociale inférieure. Ils prétendent que la coutume exige le bannissement immédiat de celui qui tenterait de toucher leur vêtement en prétendant leur faire du mal.

En Occident, le jaune est associé à l’infamie. A Toulon, on encadre le bonnet des indisciplinés d'une bande de drap jaune, qu'on désigne sous le nom oriental et poétique de turban. Les forçats les plus dangereux ont en outre les deux manches jaunes. Quant aux bagnards libérés, on leur remet un passeport jaune qui les condamne à l’opprobre pour la vie. Quant au syndicalisme jaune, il se constitue spontanément en opposition aux syndicats rouges et refuse certains modes d'action comme la grève et l'affrontement avec le patronat. La Fédération nationale des Jaunes de France nait le 1er avril 1902. Créé par Pierre Biétry, il s’efforce de fédérer la droite prolétarienne et de créer les conditions d’une réconciliation des classes sur fond de justice sociale.

1 Luo Guanzhong, Histoire des Trois Royaumes, Traduction par Théodore Pavie. Duprat, 1845