Table des matières
Égalité, droit et doctrines juridiques; la fiction de l'égalité
L'égalité formelle et l'autonomie du droit
Sur la logique du « sens »
Le suicide de l'Occident et « l'archétype imaginaire » de la société
Égalités, inégalités et doctrines juridiques
Le réalisme et le droit-force
L'égalité et la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen
La démocratie post-moderne de l’exécutif, réalisation constitutionnelle de l'égalité et modèle paradigmatique de l'Union Européenne
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ÉGALITÉ, DROIT ET DOCTRINES JURIDIQUES
La fiction de l'égalité
Le concept d'égalité est le plus grand abus fait par l'Homme à la nature, une atroce vilenie de l'Histoire et un crime perpétré par l'illusion sur l'évidence. Il incarne le viol de « l'abstraction pure » sur l'inégalité naturelle du vivant et sur les particularités individuelles des caractères et des sentiments. La déclaration universelle des droits de l'Homme et la notion d’humanité ne sont que l'aboutissement d'une doctrine dont la plus flagrante affirmation est l'utopie, ou, en d'autres termes, la consécration de l'impératif catégorique sur l'être effectif du monde. A la lecture de la réalité et dans la constitution du genre humain en corps politique, il n'y a pas de place pour le contrat entre égaux, mais un passage obligé par la religion, la peur ou l'épée, comme forces motrices de l'Histoire et comme sources incontournables de la morale collective et de la cohésion identitaire.
Le monde naturel, en toutes ses expressions, anthropologiques et sociales, ne connaît guère l'égalité, soit-elle de constitution, d'intelligence ou de connaissance. Le monde naturel tel qu'il est, lorsqu'il naît, ne connaît pas non plus l'égalité morale entre les hommes mais la moralité du glaive et la proportionnalité de la violence. En effet, la maîtrise des conceptions éthiques ou des vérités transcendantes est individuelle et unique et l'accès au divin, hors de la raison humaine, est, pour ainsi dire, miraculeux. La grâce et la doctrine de la foi appartiennent aux élus de Dieu et ne peuvent se partager, en tant que biens spirituels supérieurs et discriminants. La grâce et la doctrine de la foi s'opposent aux théories du contrat qui font dériver la constitution des communautés politiques d'une convention ou d'un pacte, totalement imaginaires, entre égaux.
Un regard de survol sur l'Histoire nous confirme que ce sont des chefs religieux ou des capitaines aventureux, qui jettent, selon Ortega y Gasset ou Machiavel, les fondations d'une communauté. Il ne peut y avoir de société d'égaux, car la supériorité ou l'infériorité de force, de conception et d'action sont les deux facettes de la condition humaine, par sa nature hiérarchique.
La hiérarchie et la hiérarchie seule, semble détenir le pouvoir de créer du « sens », qui demeure la source unique de la première inégalité humaine, celle du « libre-arbitre » ou de la servitude. En effet, la hiérarchisation de la société distribue les individus selon des attributs, des compétences et des valeurs, qui ordonnent la structure sociale autour d'une gouvernance et donc d'une cohérence centrale, générale et signifiante; Dans l'Histoire moderne, le concept d'égalité ne peut apparaître, socialement, que lorsqu'une revendication symbolique, éclipsant dans les consciences humaines, les écarts de condition ou de nature, est engendrée par la dynamique sociale, ou par la «Struggle for Life». Dès lors, la projection illusoire de l'égalité, douée de force activante, se transforme en acquis juridique et les revendications, portées par des acteurs subversifs ou réformateurs, poussent la promotion des classes montantes à l'adoption des valeurs de la société établie. Dans ces cas, l'intégration des classes « inférieures » est promue et légitimée par le consensus général, en raison des valeurs symboliques, fondamentalement inégalitaires et antérieures (de prestige et de statut), le droit formalisant l'écran de la distinction entre utopie et réalité, révolte et ordre, présent et passé. Cet écran représente une frontière, un point-limite, bref une fiction.
L'égalité formelle et l'autonomie du droit
Dans ces conditions, la sphère de droit, se rendant autonome par rapport au réel et adoptant une perspective illusoire, fait de l'égalité une fiction, et celle-ci devient vite une arme vis à vis du « statu quo » et se commue en étendard pour ceux qui ont mené l'utopie à la subversion et la subversion à la révolution . Dans cette lutte de l'égalité contre l'inégalité se forge le combat moderne à l'âge de la « raison », contre les évidences palpables de la tradition et de la nature. Or chaque époque est sous l'influence particulière d'une modernité et d'une tradition qui lui sont propres et qui commandent à sa transformation. Ainsi, chaque époque forge et accepte « sa propre » conception de l'égalité et de l'inégalité, de la démocratie et de l'autorité. L'époque que nous vivons est plongée sous l'influence écrasante de l'égalité et de la démocratie et en a subi tous les déboires et toutes les aberrations, auxquelles se rajoutent, depuis le début de la mondialisation, les extrêmes de la tendance opposée.
En effet, la loi du mouvement, dans la dialectique historique, est dictée par l'inégalité, l'insatisfaction, l'inquiétude, la peur et la rivalité, génératrices de conflits. La quiétude, l'autonomie du droit et de l'égalité sans obstacles, plongent la société dans l'oubli de sa propre loi intérieure et conduisent à la corruption des mœurs, qui deviennent épris de passivité et de laxisme moral. Ces signes constituent par ailleurs les premiers pas vers le déclin et la décadence, vers la servitude de l'apathie ou vers le totalitarisme divinisé de l’État assistentiel.
Sur la logique du « sens »
Ils conduisent à l'immobilisme, à la stase et à la perte de sens, comme perte de l’essentiel, puisque le « sens » est l'essence même de la vie et de l'action. Du point de vue intellectuel, la doctrine de l'égalité accompagne l'Homme vers la déportation concentrationnaire du néant et éclaire les esprits sur la condition désarmante du déficit de soi. L'égalité administrée, la passivité sans lueur, la fatalité résignée face au malheur, culmine avec la Shoah et les camps de la mort.
Par ailleurs, et au niveau idéologique, la séduction totalitaire de l'égalité et l'absorption de l'individu dans la masse font vivre le sujet en dehors de sa nature concrète, dans la généralité abstraite d'un concept qui le prive de sa volonté et lui interdit de réaliser sa propre valeur. Pour les « intellectuels collectifs », ce nirvana égalitariste fait fi du néant intérieur et leur permet d'aimer l'humanité par substitution, à travers une relation anonyme, fondée sur une éthique sans spiritualité ou sentiments, qui a son corrélat immédiat dans une morale utilitariste et dans un juridisme bureaucratique diffus. Le transfert de la relation d'amour vers l'idée ou vers l'humanité s'accompagne de la perversion qui consiste à oublier son peuple, sa société et sa culture pour un secours sans frontières aux démunis de l'Histoire. Le cosmopolitisme intellectuel pratiqué comme sentiment abstrait et comme amour de l'humanité prend la forme d'un élan généreux et gratuit pour les malheureux du monde, l'immigré, l'étranger, le clandestin, le misérable, le sans abri, le damné de la mer qui est la forme éthérée de l'emprise du désordre sur notre monde et sur sa culture. Si l'égalité globale cache sa tare congénitale dans le monisme de la « raison pure » et sous la façade de l'idéal démocratique, elle perd le sens du lien social qui la justifie, et se nourrit d'une Ukaze philosophique et justificative, fondée sur le mythe de la paix et sur l'impératif catégorique de référence kantienne.
Le suicide de l'Occident et « l'archétype imaginaire » de la société
De façon générale, un stéréotype égalitariste insensé a pénétré la culture moderne comme paradigme inconscient, auquel il faut consentir et rendre hommage.Ainsi, l'adoption mentale de cet égalitarisme par la pensée vulgaire (les idola fori de F. Bacon) constitue une perversion profonde et délétère de l'esprit européen, car, se penser égal à tout homme, comme réflexe inconditionnel, face à d'autres hommes venus de civilisations et de cultures incompatibles, est le signe avant coureur du suicide de l'Occident. Il s'agit là d'un égalitarisme destructeur qui mine « l'archétype imaginaire » de notre société, le « Deus absconditus » et le « Dieu primitif » qui constituent notre code génétique et le sens de notre destin collectif.1
Comme dans toute entreprise destructrice, cet égalitarisme désoriente, stigmatise, pervertit, censure et exclut. Acte désespéré ou acte de renoncement, cet égalitarisme, idéologique et justificatif, assujettit comme une drogue et prolifère comme une métastase, au cœur de la pensée métissée du vieux « geist » anglo-germano-latin pour l'étrangler et l'ensevelir dans les palimpsestes de la mémoire européenne et mondiale. Cette opération,qui a été à la base du processus de "décolonisation" et qui y est proprement monstrueuse, est présentée comme une transition et un dépassement d'époque. Or, contrairement à la vulgata égalitariste, nous sommes entrés dans l'ère des inégalités structurelles, l'ère de l'asymétrie ou des disparités de culyure et de puissance, corrélées par un nouvel espace, le cyber-monde.
Par ailleurs, l'existence d'une multitude d'inégalités naturelles nous force au constat que lorsqu'un écart existe entre ces inégalités naturelles et les inégalités sociales ; les premières apparaissent comme évidentes et objectives, les deuxièmes comme artificielles et réformables ; de l'ordre de la nécessité les premières, de l'ordre de l'éthique et de la morale les deuxièmes.
Aux yeux des penseurs et des réformateurs sociaux, les inégalités de rang, de privilège et de responsabilité, sont perçues comme injustes et donc réformables, à condition que le corps social en souffre et s'en plaigne ou qu'il considère que c'est au pouvoir de porter remède à « l'injustice ». Il ne serait question que le pouvoir aggrave cet écart, dans la jouissance des biens ou dans l'hédonisme outrageant de leur usage, ou encore dans la perception qu'en ont les sujets politiques.
Égalités, inégalités et doctrines juridiques
La compatibilité de l'égalité ou de l'inégalité est au fond celle de leur coexistence sociale. Ainsi, dans l'Histoire de la pensée philosophique et juridique se sont succédées des conceptions différentes autour de la manière de régler cette compatibilité, par une norme ou un système de normes, fondés sur les lois de la « nature » (et donc sur les inégalités naturelles), ou en se pliant aux dispositions d'une législation et d'un égalitarisme démocratique.
Dans ce deuxième type d'approche, la démocratie, comme accord entre égaux, pour corriger ou adapter les disparités de nature à une idée morale (nécessairement abstraite) ne pourrait être acceptée. Le droit positif, selon cette approche, reconnaîtrait son seul fondement dans son contraste avec le droit naturel. Ainsi, l'appel à la nature opère comme une critique des lois démocratiques et « conventionnelles », inconstantes et révocables.
Depuis Platon et Aristote jusqu'aux stoïciens et aux juristes romains, la notion de justice, par référence au droit, n'est rien d'autre qu'une technique rationnelle de la coexistence, rendant possible à un groupe humain d'agir en fonction d'un but commun. L'inégalité de la condition humaine est ici intégrée à la dialectique politique, visant à assurer l'intérêt général. Avec Grotius, au XVIè siècle, le fondement de l'appel à la nature se fait sur la base d'un appel à la « raison » (Descartes) et donc sur une base logico-mathématique.
L'accord ou le désaccord entre les hommes est censé reposer sur la nature rationnelle de l'homme (abstrait) et non sur la base de la reconnaissance d'intérêts qui soient dus à une opposition entre eux et soient situés en posture virtuelle de conflit. Étaient ainsi jetées les bases théoriques de la coexistence pacifique entre les groupes humains au début de l'âge moderne. (De jure belli ac pacis)
L'attribution au droit naturel de caractéristiques propres de la loi morale conduit plus tard E. Kant à la distinction entre le caractère « a priori » de la loi morale, tenue pour seule norme « rationnelle » et le caractère « a posteriori » du droit positif, expression de la dialectique des intérêts, impliquant un accord social relatif, imparfait et incomplet du législateur. L'action légale est ainsi subordonnée à l'action morale. Sur la base de la même approche, l'idéalisme philosophique de Jellineck en déduit la réduction de la sphère du droit à un aspect restreint et diminué de la loi morale (égalité abstraite).
Le réalisme et le droit-force
Pour revenir à la relation entre le concept d'égalité et les différenciations multiples des inégalités humaines, sociales et raciales, ces dernières trouvent davantage de réponses dans la conception du « droit-force ». Cette conception nie toute approche philosophique menée au nom d'un impératif à caractère éthique et cette négation, qui est d'abord un rejet de toute forme de « devoir être », apparaît comme la doctrine la plus proche de celle menée en termes de réalisme politique.
En effet, toutes les doctrines qui, comme l'école historique du droit, s'inspirent de l'exigence de réduire le « devoir être » à l'être et les normes aux faits, prônent avec von Savigny (1779-1861) la fonction de l’État, comme expression organique du peuple et conçoivent, de ce fait, le droit comme une manifestation de la « volonté générale» du peuple lui même. Nous retiendrons ici que toutes les doctrines qui réfèrent l'origine et le fondement du droit au caractère contraignant de la force coercitive d'une quelconque institution historique, contribuent à conserver à l'ordre international et à la « communauté des peuples » le caractère nécessaire d'un ordre vital du peuple et des peuples.
Cette contribution du droit positif à la communauté des nations implique d'une part, selon Hegel et l'école hégélienne, la subordination de cet ordre à l'ordre cosmique établi par Dieu, mais également une exaltation du caractère « éthique », ou « rationnel » ou « providentiel » du droit positif. Ce dernier aurait ainsi une signification opposée au droit naturel, dont l'inégalité n'est pas due à une affirmation de volonté mais à l'acceptation d'une condition prédestinée et inerte.
Ainsi, l'inégalité des Nations serait tributaire d'une logique volontariste et d'une manifestation de force, autrement dit d'une hiérarchie et inégalité dans lesquelles se reconnaissent les nations et les peuples d'Histoire Universelle.
La réduction du droit à la force, autrement dit à une réalité historique politiquement organisée (État), n'est rien d'autre que l'affirmation d'une suprématie ou d'une prééminence des pouvoirs de commandement sur la sujétion des systèmes d'obéissance et de domination. La mise en œuvre de cette force n'est pas dissociée de considérations de valeurs ou de « justice » (visant la coexistence parfaite entre les hommes) et elle reconfirme le positionnement inégalitaire des rapports humains entre ces deux sphères qui demeureront toujours hiérarchiques. Cela doit correspondre à un objectif politique et à une finalité d'ordre générale, consistant à assurer la cohésion d'une société.
Le concept de commandement prévaut sur celui de sujétion et la doctrine du droit-force sur la notion utopique de réalisation d'un ordre parfait, propre à la métaphysique égalitariste.
Dans cette interprétation du droit-force, la finalité de l'analyse repose sur l'objectif de rendre possible les relations humaines et sociales sans sacrifier l'idéal de la justice et, en perspective, d'une société hypothétique d'égaux.
En ce sens, le droit-force risque d'empiéter sur la notion de liberté et donc sur la préoccupation que le pouvoir assume, de préserver la liberté naturelle en lui imposant des « limites ».
Or la même préservation de l'égalité se convertit en exigence d'imposer des « limites » à la liberté naturelle d'une collectivité.
L'égalité et la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen
L'idée que la nature humaine garantit à tout individu des droits originels et indissociables, en tout lieu et tout temps, est fausse, fictive, ingérable et utopique ; en particulier, en ce qui concerne la liberté et l'égalité, telles qu'elles sont proclamées par la dictée du premier article de la « Déclaration des droits de l'Homme et du citoyen ».
Sur cette idée des droits originels repose un des piliers de l'individualisme philosophique qui est à la base de la conception moderne de la démocratie, une conception dont la structure institutionnelle s'appuie sur la représentation politique et sur la constitution permanente d'oligarchies. Celles-ci sont tenues d'assurer le défi historique de la conciliation entre liberté et égalité. Faut-il rappeler que cette forme moderne de régime suppose la coïncidence principielle des gouvernants et des gouvernés ? Or cette coïncidence garantit, en pur principe, les possibilités théoriques de la démocratie qui est concrètement précaire, faible et limitée. En effet, tout ordre politique résiste toujours au changement et favorise les inégalités. De quoi préoccuper les apologistes de la démocratie dont le principe domine les esprits de notre temps. Garantir formellement la liberté et l'égalité ne peut être qu'une promesse ou un acte de foi, car les stratégies pour les atteindre sont contradictoires et présupposent dans les deux cas des inégalités principielles initiales ou finales.
La démocratie post-moderne de l’exécutif, réalisation constitutionnelle de l'égalité et modèle paradigmatique de l'Union Européenne
Après une longue période historique marquée par la prédominance des réponses autocratiques, dictatoriales ou totalitaires, les régimes démocratiques sont devenus majoritaires dans le monde, grâce à une rhétorique mobilisatrice intense. La démocratie est désormais une notion-clé des transitions de régimes, jadis autoritaires. Cette transition a abandonné le mythe de l'égalité et de l'abstraction égalitariste pour embrasser une nouvelle mythologie, celle de l'individualisme néo-libéral et de l'homme citoyen, acteur d'une « société civile » transnationale et sujet fictif d'une communauté mondiale.
L'avancement de cette perspective a été présentée comme une « priorité stratégique pour notre temps » par le sommet euro-atlantique de Venise au 21 juin 2006. Dans cette déclaration, on a passé sous silence l'inégalité effrayante de la plupart de l'humanité, l'Inde, encore enchaînée aux castes, mais définie « la plus grande démocratie du monde » et l'immense plage des pays du tiers et quart monde, en sous-développement ou stagnation relative. A cet universalisme pluriel et au mot d'ordre de « démocratie » comme réalisation constitutionnelle de l'égalité, a correspondu l'occultation du relativisme protecteur de la pauvreté et de l'arriération. L'abstraction du « modèle » a masqué le drame de l'expérience humaine. La connotation anarchique et subversive du projet démocratique du XVIII siècle a été remplacée par la fiction de la Révolution française selon laquelle « en démocratie, les hommes font eux-mêmes les lois » (Sieyès). Comment ne pas actualiser, en revanche, les réflexions de Thomas Paine selon lequel « les républicains de France ne veulent point de la démocratie pure d'Athènes », une manière de requalifier l'idée républicaine (hiérarchique et forte) contre l'idée démocratique (égalitariste, anarchiste et faible). L'idée de démocratie comme expression de citoyens formellement égaux peut-elle être pensée en tant qu'idée politique de la modernité occidentale et en même temps de la post-modernité mondiale ? Comment la démocratie, tant décriée, du XVIII siècle, a-t-elle pu devenir l'idée quasi religieuse du XIX siècle, l'objectif missionnaire du XX siècle et le projet rhétorique et universel du XXI siècle ?
La démocratie post-moderne de l'éxécutif est une expérience cosmopolitique de l'utopie, dont le modèle paradigmatique est l'Union Européenne. Il s'agit de la synthèse bureaucratique du pouvoir des élites, de l'individualisme néo-libéral et de la tyranie des minorités "Woke" et innaturelles (LGBT).Le modèle de la démocratie post-moderne de l’exécutif peut-elle devenir la marque de notre temps ? Celui d'un temps mondialisé, caractérisé par un pluralisme dépolitisé, qui a perdu la religion du « sens » et la finalité existentielle de la politique comme « struggle for life »? Peut-elle être le vecteur des notions antinomiques de populisme , comme instinct de survie du peuple et des réseaux sociaux, comme partage d'émotions ou de destins dispersés, sans délibération, volonté, ou organisation communes?
En sa possible dérive autocratique, peut-elle devenir la cible d'une insurrection ou d'une émeute subversive de type trotskiste, ou, au contraire, d'une éversion extérieure manipulée, à la Maidan? Elle est, sans aucun doute, la réalisation constitutionnelle de l'égalité, rendue exsangue de tout sentiment de liberté, une forme de bolchevisme occidental, post-fasciste et post-naziste, sans la violence révolutionnaire des trois idéologies et plus subdole, enracinée et mondialisée, douée des tentacules vitales de la grande finance et des lois de marché.
Face au dangers de tribalisation de la société, d'anéantissement des débats nationaux et globaux, la démocratie post-moderne de l'exécutif réduit les affrontements et les conflits à la logique identitaire, ethnique, religieuse ou sexuelle et recompose les fracturations et déstructurations du social, par une approche confiscatoire et techniciste, dictée par la finance et par la communication, anesthésiées, faussées et universellement mystifiantes, qui dénaturent le concept et le privent de son âme, l'espoir d'une illusion à jamais perdue.
Bruxelles le 11 novembre 2015
1. Ce Dieu est à la fois une image et un sentiment. L'image d'un tout, organique et moral, langue, musique, art, mode de vie, culte des formes, religion, famille, autorité et pouvoir. Ce Dieu, exigeant et unique, est un appétit de la société, une « affectio societatis », sans lequel n'existerait ni cohésion, ni légitimité, ni ordre. Cet archétype imaginaire de la société est le code génétique ancestral de tout regroupement humain, antérieur au sujet et qui naît et se reproduit avec lui. Cette singularité irréductible exclut une acquisition de façade et se transmet par un long héritage, s'acquiert par une longue accoutumance et se défend par un combat sans fin. Ce Dieu ne se reconnaît que par des symboles, car c'est un Dieu intimement normatif, qui commande de l'intérieur à ses sujets en leur vocation profonde. Tout égalitarisme lui est étranger et toute hiérarchie lui est consubstantielle.