Working Paper - LES TRAITÉS DE ROME ET LE CONGRÈS DE VIENNE
Si l’histoire de l’Europe s’identifie à la realpolitik, l’antihistoire du continent européen est marquée par la rhétorique d’une Sainte-Alliance des vaincus. Cette antihistoire s’étale de la déclaration Schuman et des traités de Rome à nos jours. Elle est présentée comme une révolution diplomatique et politique au bout de laquelle l’intergouvernemental se convertirait en communautaire, l’intégrationnisme en fédéralisme, et la politique en dépolitisation et, sur le plan philosophique, le kratos en ethos, l’affrontement violent en conciliation, négociation et compromis. Avec la guerre en Irak, la surprise de cette impossible conversion conceptuelle et, en même temps, la rupture de l’unité morale de l’Occident marquèrent le retour à la politique de force, à la Weltpolitik de la puissance et à la géopolitique de l’intimidation. Il s’agit d’un tournant majeur invoquant un défi régional au nom de la doctrine de l’action préemptive. Face à l’invasion américaine, la réaction européenne fut la division, puis l’isolement de l’Europe. Aux yeux du monde, la Prachtbericht de la politique du non-engagement et du non-alignement de la France trouva son expression la plus brillante dans l’intervention de Dominique de Villepin au Conseil de sécurité de l’ONU, s’opposant à la résolution 1559 avec des arguments qui mettaient en valeur l’incompatibilité des visions et des intérêts entre l’Europe continentale et l’Amérique.