RECENSION "WATERLOO 2015 - VIE ET MORT DE L'UNION EUROPÉENNE - Fiction - Sur un Coup d'État post-moderne"

Auteur: 
Ioana-Cristina Nicolaie
Date de publication: 
16/12/2016

WATERLOO 2015

VIE ET MORT DE L'UNION EUROPÉENNE

Fiction

Sur un Coup d'État post-moderne

Irnerio Seminatore

 

RECENSION

par

Ioana Cristina Nicolaie

 

L'idée romantique qu'il pourrait y avoir une opposition radicale entre vie et littérature est à l'opposé des convictions de l'auteur, qui relie l'une à l'autre d'une nécessité intime.

Ainsi la vie peut devenir littérature et celle-ci turbulence ou drame.

Dans le cas de « Waterloo 2015 - Vie et mort de l'Union Européenne - Fiction - Sur un Coup d'État post-moderne », la réalité européenne d'aujourd'hui s'habille en révolte islamique, puis en insurrection européenne et enfin en une guerre civile générale, achevée par un putsch sanglant et rédempteur.
En effet, le sujet de la fiction est l'Europe, qui y vit son agonie dans le cadre d'une conjoncture chaotique.
Or la crise qui secoue le continent depuis 2008, trouve son expression étonnante dans le titre du livre d'abord, iconoclaste; dans le mode de résolution des contrastes entre pays-membres des deux Europes, du Nord et du Sud, de l'Est et de l'Ouest, ensuite, à propos de l'islamisme et des migrations, à un putsch post-moderne, qui mélange choc civilisationnel, surprise stratégique et négationnisme politique.

De quoi définir une situation révolutionnaire et violente.

Le ton de la description est allégorique et presque homérique.

Ainsi au tout début du roman est traitée la fin de l’enthousiasme pour le projet européen, réduit à un fédéralisme administratif et à l'atmosphère raréfiée de Bruxelles ; ce foyer de l'hortodoxie qui subit les jeux d'influences mondiaux, par think-tanks interposés, cette capitale du « Bien » qui ressemble étrangement à Byzance, pour ses palabres sur le sexe des anges, face au siège ottoman de Méhemet.

Dans les parties successives, les dégâts de l'intégrationnisme bureaucratique nous conduisent tout droit au « Grexit », puis au « Brexit » et enfin à « l'empeachement » de Angela Merkel, fossoyeuse de la civilisation européenne, traînée en justice par une mise en scène paradoxale, devant le Tribunal Pénal International de la Haye, où elle sera condamnée pour « crimes contre l'humanité ».

Ces mêmes dégâts accélèrent la chute irréversible de l'Europe vers la mort.

La politique d'immigration et ses conséquences aberrantes y figurent comme des épisodes d'une perversion du sens de la vie et des paradigmes de la connaissance héritée.
Pour le lecteur, qui est au même temps acteur et témoin de son histoire, la lecture de cette réalité est une évidence tragique et un cauchemar quotidien.

Ce livre est prémonitoire, car il décrit l'histoire qui vient, « la Naqba » européenne,une prophétie dramatique, un enseignement envoûtant et une morale de temps troubles !

Les attentats islamiques révèlent, par ailleurs, l'immanence d'un tare biblique, la présence parmi nous de « l'ennemi », la figure centrale du génocide européen à venir, corps incendiaire de la révolte musulmane et cause première de l'insurrection européenne; une guerre civile post-moderne, ethnique, religieuse et civilisationnelle entre population de souche et populations d'immigrés. Cette guerre apparaît immédiatement comme une lutte existentielle, pour la survie et pour le « nomos de la terre » et son expression brutale engendre une explosion de haine et de furie, immense, congénitale et raciale.

C'est l'Iliade moderne, qui trouve ici son chantre !

Un livre inhabituel et surprenant, comme la vie, qui en est le sujet d'inspiration et la source. On y retrouve tous ses ingrédients et ses piments, l’ironie, les paradoxes et l'humour !

On repère également et comme toujours, au cœur de ces violences, une montagne d' hypocrisies publiques, d'hallucinantes manipulations des opinions ou d'indignes trahisons des clercs, orphélins de l'humanisme.

Or le paradoxe de la fiction repose sur le constat que la démocratie a été abandonnée par l'Union, que la souveraineté y est réclamée par les peuples et que les valeurs européennes ont été ouvertemant contestées par d'autres conceptions du politique. Ainsi, à la société bloquée ne reste qu'une seule voie, très étroite, contre les nouveaux tyrans, l'insurrection et le coup d’État.

Dans la troisième partie du livre l'auteur nous montrera ce chemin de croix, imminent et tragique.

Aussi, les deux premières grandes coupures du texte sont consacrées à la critique des mœurs, qui prend la forme savoureuse de la remise en cause de l'abstraction, mère de l'utopie, lorsque l'auteur dresse le portrait de « l'homo europaeus », si semblable, en copie fanée, de « l'homo soviéticus » ! Ou bien, lorsqu'il intervient dans le débat d'idées français sur la « mort de la gauche », qui prélude à la définition de la conception européenne du sursaut et de l'insurrection, par l'adoption de la stratégie gramscienne de conquête de l’hégémonie culturelle; ou encore, lorsque le fond de la ciguë est touché et le citoyen doit boire jusqu'au bout le poison du mensonge médiatique et officiel :l'intégration des immigrés qui de-construisent, avec violence symbolique,« l'archétype imaginaire de la société » européenne, le génôme historique et spirituel de celle-ci.

Venons enfin à la troisième partie, au récit délictueux du livre : le Putsch post-moderne !

C'est la stratégie du soulèvement général, de l'insurrection européenne et de la « Reconquista » du continent, au prix du sang et de la débacle islamique!

La conception du Coup d’État est, pour l'auteur, philosophique, anthropologique et existentielle.
Elle est également opérationnelle et donc technique et tactique, bref profondément stratégique. Elle estt aujourd'hui post-moderne, inscrite dans les réseaux de la cyberguerre et de l'intelligence hostile mondialisée, portée par une globalisation en régression et confrontée à des vents contraires.

Elle apporte un renouvellement à la théorie du Coup d’État, national et classique, proposé par Curzio Malaparte en 1932, dans son livre fameux « La technique du coup d’État ».

Il s'agit ici de la « divine » théorie du complot et de la conquête violente et brutale du pouvoir, machiavellienne et écrite « nigro lapillo », d'après les commentateurs conventionnels de Machiavel, à partir de Marlow et des poètes élisabéthains.

Un vrai manuel d'étude pour les écoles d’État-Major et les nombreux, les très nombreux putschistes politiques, apprentis-sorciers de la « surprise stratégiqe », occultes et virtuels !!

L'auteur, en véritable anti-Houellebeck, y développe une praxis de l'action au lieu de celle, lâche, de la soumission! Une clé d'accès à l'interdit politique, le Putsch, le mal absolu, l'antagoniste du Bien, qui est l'âme éclaboussée et philosophique de l'Union.

Le Putsch, imposé par l'incompatibilité historique entre Islam et Occident et nourri par la félonie et l'immonde perversion des élites « Collabos », est le moment déchirant et crucial de la « rupture » politique, d'où peut surgir la renaissance de l'Europe, cette fille perdue, derrière la mythologie des tentations, qui lui ont fait perdre le sens de l'espoir.

Mais il ne peut y avoir de putsch et de renaissance sans Condottiere et sans Chef. Ça sera le Prince Sigmar, protagoniste de la fiction, placé par l'auteur au centre de la narration, en homme révolté et en justicier impitoyable, qui fera table rase des ennemis de notre destin européen, dans la tempête d'une métamorphose mondiale. La figure imaginaire de Son Excellence Sigmar, Wenzel Lothar Neponiuk von Brandebourg, Prince de Waterloo et Duc du Brabant, est celle du vengeur, témoin et acteur de la tragédie humaine imminente, l'homme qui déchaîne les passions et la mort, après avoir lancé un « Appel aux Européens ! » de forte réminiscence gaullienne.

Mais cette fiction serait incomplète et coupée d'un jugement éthique, si elle ne faisait pas recours à la découverte des repères du passé.

En effet, l'auteur convoque, dans la partie finale de la fiction, si impressionnante et réaliste, le « Tribunal de l'Histoire », sous la forme d'une ré-édition du procès de Nuremberg, où furent jugés les criminels de guerre nazis, dans le but de cerner les causes et les responsabilités du suicide de l'Europe.

Il s'agit de la partie du livre qui, ouverte sur des archives repérées vers les années 2040, porte l'intitulé orwellien de « 2084 ». Elle instaure un jugement, rétrospectif et public, aux élites européennes « Collabos », qui ont conduit l'Europe à sa perte.

Peu de témoignages littéraires marquent une empreinte sur leur temps ou ils en symbolisent si efficacement les traits. Cette fiction en est un.

C'est en effet le seul roman historique écrit sur l'Union Européenne et probablement en sera le dernier. En effet, il porte témoignage sur sa chorégraphie diplomatique et institutionnelle et sur le cours quotidiens d'une faune cosmopolite au bord du précipice. Il décrit son absence de conscience historique et son vide : sa soumission au « Grand Jeu » d'Hégémon et à sa ruine.

C'est aussi le livre d'un pari. Le pari de l'Europe de renaître et d'exister par elle même !

Un livre à méditer et à ne pas rater ! Lecture impérative!

 

Ioana Cristina Nicolaie

Psychologue

Chargée de Communication

 

Informations

Waterloo 2015 - Vie et mort de l'Union Européenne - Fiction - Sur un Coup d'État post-moderne

382 pages en grand format 24/15,5 cm

 

Publié :

- à Paris (édition française) auprès de « Les Éditions Godefroy de Bouillon »

A paraître :

- fin janvier à Leipzig (édition allemande)

- fin févier 2017 à Milan (édition italienne)

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