L'ÉGALITÉ OU LE SUICIDE DE L'OCCIDENT

Chapitre II LA DIALECTIQUE DE L'ÉGALITÉ ET DE LA LIBERTÉ
Auteur: 
Irnerio Seminatore
Date de publication: 
23/1/2018

IRNERIO SEMINATORE

Prémisse

Le concept d'égalité fait système en matière de philosophie et de sciences politiques depuis les « Lumières historiques ». Il regroupe, sous son couvert, les doctrines des droits de l'homme, de la démocratie et de l’État de droit, de l'humanisme philosophique, du « projet de paix » et, pour terminer, de la « théorie du genre ».

Le but de la présente réflexion est d'en retracer les connections et d'en mettre en valeur les répercussions politiques et culturelles.

Nous donnerons suite à la publication périodique de cet exercice intellectuel, rédigé en 2015, par la soumission à nos lecteurs du deuxième chapitre sur :
« LA DIALECTIQUE DE L'ÉGALITÉ ET DE LA LIBERTÉ »

Le premier chapitre a été posté sur le site internet :
http://www.ieri.be/fr/publications/wp/2018/janvier/l-galit-ou-le-suicide-de-loccident
en date du 22 janvier 2018.
 
Les thèmes
successifs apparaîtrons suivant la « table des matières ».


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II. LA DIALECTIQUE DE L'ÉGALITÉ ET DE LA LIBERTÉ
Tocqueville, l'amour de l'égalité et l'imaginaire démocratique
Edmund Burke, l'esprit de réforme contre l'esprit de système

Comment la dialectique de l'égalité et la liberté influence-t-elle la conception et la pratique de la démocratie ?

L'émancipation sexuelle et le combat contre la naturalisation du concept d'inégalité
La « théorie du genre » et la théorie critique de la société. Déconstruction et naturalité apparente

Démocratie et Liberté : Penser la démocratie est-il penser la liberté ?
Théories de l'inégalité et théories de la « race ». Deux variantes d'une théorie des origines

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Tocqueville, l'amour de l'égalité et l'imaginaire démocratique

Dans « De la Démocratie en Amérique », Tocqueville avait bien vu que l'amour de l'égalité était au cœur de l'imaginaire démocratique, consistant à prétendre à l'égalisation des conditions et il avait en même temps constaté que l'individualisme qui accompagne cet égalitarisme est un repli privatiste sur soi, qui peut ouvrir la voie au despotisme social d'un État protecteur.

Ce refus de tout paternalisme politique et ce désir que la préférence individuelle ne vienne entraver la réalisation de soi a conduit à l'élaboration de la doctrine de l'  « individualisme possessif » de C.B. Mackperson, pour qui la liberté individuelle est l'expression de la propriété de soi, pouvant aboutir au refus d'adhérer à la société. Ainsi suivant cette doctrine, la conception abstraite de la démocratie comme contrat entre égaux se concrétiserait en un immense phalanstère de copropriétaires, sans solidarité et sans obligations réciproques. Puisque adhérer à la démocratie, c'est adhérer d'abord à l'idéologie démocratique et successivement à un régime politique, une des principales fonctions de ce régime est de reproduire la hiérarchie dirigeants/dirigés et de garantir la consolidation d'une oligarchie, fondée sur le binôme commandement-obéissance. L'abus le plus significatif de notre époque demeure encore, depuis le début de l'âge moderne, la critique acérée de la société et de ses institutions au nom de la « raison ». Ortega y Gasset avait déjà identifié cet usage dans l'approche critique du concept de la « raison pure », ayant pour objectif la lutte intellectuelle contre la tradition. 

 

Edmund Burke, l'esprit de réforme contre l'esprit de système

Edmund Burke repère l'esprit de système qui a conduit à la révolution française dans l'adhésion du peuple et de ses chefs à des valeurs sans justification rationnelle évidente. Il insiste sur le fait qu'une doctrine fondée sur des propositions abstraites, telle la « liberté » ou les « Droits de l'Homme » est un corpus d'énoncés hypostasiés qui permet une utilisation contradictoire de la doctrine, notamment de la part du pouvoir sans que des limites soient portées à l'exercice d'éventuels abus. 

Le caractère concret et inductif de sa vision du monde et de la société pousse Burke à privilégier l'induction sur la déduction rigoureuse « à la Condorcet » et à valoriser les approches naturalistes et organicistes, les seules capables de défier les fausses évidences et le temps. Stigmatisé comme réactionnaire et justifiant une société inégalitaire, Burke assigne un rôle central à la tradition et aux préjugés.

Puisque les hommes sont déterminés par des sentiments innés et demeurent profondément attachés à leurs convictions, simplifiés et schématiques, les préjugés consentent une prévisibilité des conduites dans des situations critiques, car les capacités de réflexion et de jugement des individus sont extrêmement limitées et « le fonds universel des natures et des époques », bref le naturalisme historique, offre la matière première pour apprendre de l'expérience et décider des situations.

 

Comment la dialectique de l'égalité et la liberté influence-t-elle la conception et la pratique de la démocratie ?

L'idée démocratique des modernes ne s'est pas développée de manière simple. L'instabilité de la démocratie, et la tendance à la corruption de ses principes font associer à celle-ci des images de désordre et d'anarchie, et aujourd'hui de bureaucratie. Or, si la démocratie, comme régime politique de la modernité, est davantage liée à la société égalitaire et à la passion souvent ardente pour l'égalité, la démocratie des républiques grecques et romaines est ancrée aux libertés politiques et à l'intervention directe du peuple donc les affaires publiques. Le « sens » de la démocratie chez Tocqueville est ainsi explicité : « la démocratie constitue l'état social, le dogme de la souveraineté du peuple constitue le droit politique ». Selon cette formule, la notion d'égalité inscrite dans la devise de la République française et donc dans « la Déclaration des Droits de l'homme et du citoyen » de 1789 serait au cœur des préoccupations de la démocratie moderne. Or, si « la première et plus vive passion pour l'égalité des conditions est l'amour même de cette égalité..., c'est vers cet idéal que tendraient les peuples démocratiques. » (Tocqueville)

Nous remarquerons en revanche que c'est sur le contenu et la nature de cet idéal que se sont manifestés les plus grands équivoques et déchaînés les plus grandes passions. Cette égalité est-elle générale ou de classe ? Est elle nationale ou internationale? Peut-elle être revendiquée avec les mêmes droits et la même légitimité par les populations de souche ou par les immigrés ?

« L'égalité, dans son degré le plus extrême peut-elle se confondre avec la liberté ? » (Tocqueville).

L'égalité forme, d'après Tocqueville, le caractère distinctif de l'époque (XIXème), et plus loin, il ajoute « les peuples démocratiques ont un goût naturel pour la liberté. »

Alexis de Tocqueville invoque un idéal qui était celui d'un Français sur le continent américain. Or, en Europe et dans l'Amérique d'aujourd'hui, en Russie et dans la Chine du XXIème siècle, la démocratie est encore loin de désigner l'idéal politique et social sur lequel pourrait y avoir un accord entre historiens et philosophes ou entre peuples et classes travailleuses. Encore moins là où le désaccord est plus grand entre minorités immigrées et majorités de souche, minorités qui recherchent la réalisation de l'égalité entre citoyens par l’État et qui espèrent en leur salut et en leur bonheur par un nivellement inévitable et un aplatissement général des conditions de la société. Le mensonge d’État (programmes scolaires falsifiés) et l'arriération culturelle, au nom de la liberté d'expression, interviennent pour aggraver le fossé entre égalité formelle et inégalités de condition. L'égalité formelle à sens unique implique la « guerre des Dieux », la subversion des lois et des coutumes, l'atteinte aux valeurs de la société, l'abus des bien sociaux, la destruction violente, la subversion par le meurtre et le crime et l'assurance d'un noyautage démographique et finalement d'un génocide par invasion qui débouche sur le suicide de l'Occident.

 

L'émancipation sexuelle et le combat contre la naturalisation du concept d'inégalité

L'utilisation critique du concept de « raison » se poursuit aujourd'hui dans le combat militant conduit contre la notion de « nature » et la « naturalisation du concept d'inégalité » par la « théorie du genre ». Considérant que le champs des inégalités recouvre tout entier le domaine du politique et du social, le concept structurant de ce champs est celui de pouvoir, de hiérarchie et de domination. Ainsi, la critique menée contre la naturalisation du concept d'inégalités s'est attaquée à la distinction homme/femme/identité/altérité. Le but en a été de remettre en cause les legs de l'héritage génétique et de revendiquer une égalité entre les sexes qui secoue la plus ancienne distinction humaine, celle des « genres », attribuée à une causalité socio-culturelle, Adam et Eve, sortis du paradigme métaphysique et mythologique de l'imaginaire social, seraient ainsi les enfants édéniques d'une société pré-créationniste. Dans son combat contre la prétendue naturalisation des différences, l'historienne et féministe critique américaine Joan W. Scott a engagé une véritable croisade contre la construction sociétale des différences et des inégalités. Partant de l'Histoire sociale marxiste, elle est parvenue à l'Histoire des femmes, en passant par la lutte des classes et en prônant d'abord l'émancipation sexuelle puis la question raciale.

 

La « théorie du genre » et la théorie critique de la société.
Déconstruction et naturalité apparente
 

Placée en exergue de son article « l'Histoire comme critique » une citation de Michel Foucault « la critique sera l'art de l'inservitude volontaire et de l'indocilité réfléchie », son projet apparaîtra comme clairement individualisant.

Plus récemment, à l'occasion de la deuxième édition du colloque « Penser l'émancipation »*, Joan W. Scott a prolongé son incursion dans le domaine des discriminations que subiraient les personnes issues de l'immigration. Elle a proposé une généalogie des « usages racistes » de l'émancipation sexuelle, qui permettraient l'exclusion des musulmans. Ces derniers seraient marginalisés, en violation d'un droit fondamental de citoyenneté. « Le droit d'avoir des droits », une critique qui ignore tout aussi bien la notion de droit, comme correspondance entre droits et devoirs que celle de citoyenneté et pour terminer celle du contexte culturel (celui de la Révolution française). Dans ce contexte, la revendication des droits ne concernait que l'égalité entre Français, séparés en castes mais homogènes en conditions et en culture, et ne confondait pas la revendication identitaire entre groupes venant de civilisations, de religions, d'histoires et de races, hétérogènes, incompatibles et infiniment distantes, en expérience et en perspective de vie. L'émancipation revendiquée comme indicateur et modèle n'est pas prouvée, en particulier sur le plan sexuel. Ainsi, le projet féministe de « déconstruction » de la naturalité apparente de l'hétérosexualité part de l'idée de subvertir les cadres de l'analyse historique. Son concept central demeure « une entreprise féministe (et non sociale...) de dénaturalisation du sexe » ce qui creuse un écart insurmontable entre les objectifs partiels de l'analyse et les ambitions générales de l'approche.

En réalité, la signification revendiquée est celle de dénoncer dans les différences entre les sexes, la force discriminante des rapports de pouvoir. La pauvreté théorique de l'argument tient au refus proclamé de maintenir le « statu quo » et de tolérer la coexistence de deux universalismes contradictoires : l'individualisme abstrait et l'universalisme de la différence sexuelle. Ainsi, ce qu'on appelle la « théorie du genre », n'est guère une démonstration des multiples inégalités mais un simple postulat de l'enquête, car les sciences permettent de plus en plus aujourd'hui de mettre à jour l'influence des incontournables différences biologiques ,sur les motivations et les réactions humaines, indépendamment de l'environnement social. C'est remettre en cause la construction sociale du féminisme par rapport à celle fondée sur l'inné et le biologique. La « théorie queer » s'interdit ainsi d'analyser les subjectivités et se limite à l'examen des « discours » des sujets, eux-mêmes marginalisés par la sociologie ou abordés en termes militants et doctrinaux. 

 

Démocratie et Liberté : Penser la démocratie est-il penser la liberté ?

Le régime démocratique exige un minimum de foi ou de volonté commune accompagnées par la reconnaissance d'une élite dirigeante ayant confiance en elle-même et en sa propre mission. Or, la masse de l'immigration vit en large partie en dehors du système politique dont elle bénéficie en tout et notamment en termes de politiques sociales. De ce fait, s'il ne peut y avoir de participation à la vie publique ni d'esprit critique, dans le désamour ou dans le mépris de la société. Il ne peut y avoir de politique sans « l'affectio societatis », colère ou passion. L'idée selon laquelle la liberté n'est guère la jouissance d'un avantage mais la limitation d'un pouvoir, pouvant être exercé sans limites, est loin d'être acceptée par les masses ou par les fauteurs de clientèles et l'autre perception selon laquelle l'idée d'une société de liberté serait celle dans laquelle les citoyens n'auraient rien à craindre et seraient sûrs de leurs biens et de leurs personnes n'est pas, non plus, l'idée d'une société hétérogène et divisée, aliénée à d'autres Dieux et à d'autres vérités, bref multiculturelle.

Et encore l'idée de liberté comme refus de nuisance vis à vis d'autrui, ne peut être pensée dans l'insécurité de la vie commune ni encore dans l'impunité des sanctions en cas de crime ou, plus encore, dans l'appel au meurtre (fatwa). Mais telle est la désillusion des apologistes de la démocratie d'admettre que, dans beaucoup de cas, la liberté est restreinte et la démocratie inefficace ou limitée. Les conditions civiques de la liberté ne sont pas réunies parce que manque la figure du « civis », remplacée par celle du squatteur de la cité, autrefois politique.

L'analyse sociologique confirme la double dissociation des droits entre citoyen et immigré et entre citoyen concret et homme abstrait. Ce dernier n'appartient en fait à aucune collectivité ou cité,en mesure de lui imposer le respect des droits et des devoirs.

La crise actuelle des démocraties et, en particulier des démocraties libérales, est due non seulement à l'absence d'une « vérité commune » ou d'un « sens » sociétal partagé mais de la force de conviction qu'impose la doctrine de la liberté à une corruption diffuse de l'idée d'égalité et à sa pathologie sociale et politique.

Si, à titre d'hypothèse, la conception de la liberté se confondait, dans l'état de nature, avec la puissance physique qu'impose le respect d'une hiérarchie et d'un ordre, fondés sur la force, le contenu de la liberté ne pourrait être l'égalité, mais la supériorité d'une règle, en mesure d'atténuer la prédominance de la force sans lois et d'atténuer l'écart entre forts et faibles.

Si la liberté moderne se définit formellement grâce à l’État et en même temps contre lui, les revendications contre l’État et le gouvernement politique affecteront presque automatiquement tous ceux qui demandent la protection de l’État (syndicats) ou encore ceux qui demandent l'extension illimitée de son action pour des raisons inhérentes à leur survie (assistés multiples, populations immigrées, groupes intellectuels solidaires, chômeurs de longue durée, etc). Le sentiment des premiers est la justice, celui des damnés de la mer, l'indigence, le secours et l'exclusion, l'incompatibilité culturelle, morale et sociale de leurs revendications.

La liberté de choisir la formule politique, les gouvernants de la cité ou les élites du pouvoir est le propre de l'âge moderne.

Ce qu'il faut mettre en exergue ici est la persistance d'une critique anarchiste de la société, différemment habillée ou travestie, qui, au nom de l'égalité, critique la structure inégalitaire de la société. Cette critique ne peut éliminer le pouvoir en tant que concept, fonction ou réseau. Elle est dans l'incapacité d'apporter une contribution aux réformes, en prétendant combattre le « statu quo », déconstruire la structure sociale ou remettre en cause ce que les siècles ont légué. Il s'agit du type de pensée qui prétend « dénaturaliser » les concepts organiques du fait social, relativiser les principes historiques et se battre contre la « nature » humaine et contre « l'homme » concret, dans ses rapports d'amour, de famille et de société.

 

Théories de l'inégalité et théories de la « race ».

Deux variantes d'une théorie des origines

Les théorisations contre l'égalité et pour la reconnaissance des inégalités naturelles comme facteurs de dynamisme et de « progrès » de la société sont battues en brèche aujourd'hui par un phénomène, puissant et inclassable, une immigration de masse en Méditerranée qui peut être définie comme « un exode inter-continental» ou comme une « invasion des Suds du monde ». Si la théorie de l'inégalité a pour origine la société, ces inégalités peuvent être supprimées en agissant sur les grande tendances sociétales par la volonté politique. Or, cette immigration incessante et indifférenciée est un révélateur historique des sociétés périphériques et faibles et a comme dénominateur commun la misère sociale.

Cette invasion pose à l'Europe trois problèmes :

  • d'accueil et d'intégration

  • d'hétérogénéité religieuse et raciale

  • de différenciation civilisationnelle avec les populations européennes de souche

Trois problèmes qui dérangent et qui sont refoulés avec vigueur par la pensée sociologique et dont le plus gênant est celui d'inégalité de nature et de « race » qui ne peuvent être supprimées car d'origine naturelle. Concepts démonisés, escamotés et improférables à cause des fantasmes du passé qu'ils évoquent. Et surtout concepts à éradiquer « ab imis fundamentis» selon l'idéologie humaniste officielle.

Commençons par le concept de « race» pour passer ensuite aux principes de religion et « d'humanisme ». L'idée d'une inégalité morale, intellectuelle et civilisationnelle, fondée sur la nature et le sang, le faciès, le caractère et la volonté, a constitué monnaie courante en Europe pendant les deux derniers siècles.

Les doctrines politiques qui s'en sont réclamées jusqu'au nazisme ont considéré que la force motrice du progrès et de l'histoire était la lutte des races et pas la lutte des classes, pour l’accaparement des ressources et pour la survie de l'espèce.

Les doctrines raciales ont combattu la lutte des classes comme un faux combat. Toute la culture entre les groupes humains est fondée, selon l'idéologie darwinienne, sur l'inégalité de nature, de sang, de religion, d'origine et surtout sur la différente créativité symbolique et scientifique des peuples.

L'interdiction de penser cette évidence a été à la base de la Déclaration de 1950**, lorsque les experts réunis par l'UNESCO mirent au ban les « principes de la race » pour affirmer l'unité biologique fondamentale de l'espèce humaine. Le danger à conjurer était la répétition du génocide nazi, de la Shoah et d'Auschwitz.

L'abandon progressif de la notion de race dure jusqu'en juin 2000 à la publication de la première carte du génome humain confirmant que « la notion de race n'a aucun fondement génétique et scientifique ». (Marantz Henig, 2004)

Ce document ne pouvait nier la pertinence sociale et historique du problème. Ainsi, les travaux de la période récente s'orientent vers l'exploration de la diversité de l'espèce et tendent à prouver que l'analyse des données génétiques autorise à faire la distinction de la différenciation des individus originaires d'Europe, d'Afrique et d'Extrême Orient. Par ailleurs, l'appartenance raciale, à caractère identitaire, est de plus en plus revendiquée par des minorités ethniques, surtout aux États-Unis. Celles-ci s'affirment comme Afro-Américaines, Asio-Américaines et Amérindiennes. Il s'agit d'une revendication qui n'est pas seulement d'ordre morphologique, mais aussi culturelle et symbolique.
Une toute autre signification acquiert cette revendication identitaire en Europe, ostracisée et tournée au dénigrement politique et au débat politicien. Ici, la revendication identitaire délimite aussi des « frontières » culturelles et religieuses qui opposent des populations de souche aux immigrés. Cette revendication ne se fait pas sous couvert d'une loi ou d'une protection juridique, mais en dehors de la loi et des mœurs, souvent contre la tradition et dans le mépris silencieux et réciproque de la majorité vis à vis des minorités ou à l'abri de la clandestinité. Cette revendication ne se limite pas à la seule contestation de la culture et des mœurs des pays d'accueil mais affirme clairement sa haine et son hostilité vis à vis de la civilisation occidentale. Le radicalisme de cette mouvance prouve la force du sang et de l'héritage comme facteurs activants de la religion. Nous assistons ici au rejet de la loi, de la citoyenneté, de la démocratie et de l'humanisme, caractérisant la constitution historique de la culture européenne. Il s'agit également du rejet d'une utopie éteinte et désarmée, celle de l'Europe et de la conversion à une autre utopie, armée et militante, celle du Califat.

 

* organisé en février 2014 à l'Université de Nanterre
** « Déclaration d'experts sur les questions de race », Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture, Paris, le 20 juillet 1950. http://unesdoc.unesco.org/images/0012/001269/126969FB.pdf