Philosophie
Nous avons inscrits nos années académiques dans une postérité symbolique et célèbre, celle de Thucydide, de R. Aron, du Maréchal de Saxe, Comte Klemens Wenzel von Metternich et pour l’année 2007-2008 du philosophe et stratège Sun Tzu .
Cette postérité embrasse l’arc du temps qui va du monde hellène au monde occidental moderne et de l’âge européen à l’âge planétaire.
L’histoire dissipe les illusions et instruit par l’analogie, éclairant le fond des grandes décisions par la ressemblance des situations, la comparaison des dilemmes et des caractères et les interprétations qui traduisent l’inévitable passage de la théorie à l’action. En tant que poétique aventureuse l’histoire est une science de l’imprévisible, parsemée de surprises mais aussi de routines. On n’y marche jamais d’un pas assuré ni léger, et on y a besoin d’éclaireurs pour en deviner les chemins et en saisir, d’un regard illuminant, la texture générale et les opportunités.
C’est ainsi que nous avons choisi ceux parmi les grands esprits qui ont recherché une explication, voire une clé ou une loi, qui ont observé le comportement humain en accord ou en désaccord avec les réalités de leurs temps et de leurs idéaux, mus toujours par la nécessité intérieure de comprendre, de décider et d’agir.
PROMOTION THUCYDIDE
Printemps - été 2004
« Thucydide » fondant, en grand chroniqueur des conflits et sans en avoir une conscience pleine, l’histoire des relations internationales, nous a rapporté le drame, toujours actuel, de la lutte inexpiable pour l’hégémonie du monde hellène. Entre Sparte, puissance de la terre, jalouse de ses lois, de sa discipline sévère et de son organisation militaire et Athènes, puissance de la mer et de la liberté, au pinacle des toutes ses expressions de grandeur, la culture, la philosophie, l’architecture et les arts, poussée par son irrésistible vocation au primat de l’univers grec. L’enseignement analogique des « guerres du Péloponnèse » a reposé donc sur l’étude des précédents de l’hégémonie, comme catégorie indépassable du comportement collectif, sur la dialectique violente de l’antagonisme politique et sur la logique exigeante des alliances militaires et de leurs enchaînements ultimes.
Ainsi, avec Thucydide, nous avons découvert la tendance des systèmes bipolaires à glisser irrésistiblement vers une lutte qui a conduit le système des villes grecques à leur effondrement, sous la poussée conjointe de la lutte pour hégémonie un modèle d’affrontement tragique et sans répit.
PROMOTION RAYMOND ARON
2004-2005
Avec un bond de vingt-cinq siècles et plongés dans une bipolarité aux capacités d’anéantissement apocalyptique, on a enquêté avec R. Aron sur l’idée centrale de Clausewitz. L’idée à laquelle il ne parvint qu’au bout de sa recherche, le concept de « limite » ou de « guerre limitée», bref la capacité d’inversion, en sens contraire, du mouvement d’ascension aux extrêmes, dû à une tendance et à une pulsion extrinsèques à la guerre au sens « d’épreuve de force », mais intrinsèque à celle-ci comme calcul rationnel et « acte de violence et de volonté », dicté par un but politique et soumis comme un tel, à la raison et à l’espérance de gain politico-stratégique.
Nous l’avons suivi plus loin, dans son effort visant l’élaboration théorique d’un domaine d’action, celui des relations internationales, régi par la guerre, l’équilibre de puissance, la stabilité politique et la modération des comportements et des ambitions. Nous y avons identifiés les fondements d’une survie, qui ne peut-être jamais confiée entièrement à la sécurité collective et aux aléas des alliances militaires, par leur nature changeantes et dévalorisées par l’atome.
PROMOTION « MARÉCHAL DE SAXE »
2005-2006
Si le principe directeur, susceptible de régler le comportement politique d’une Europe intégrée a été historiquement la tendance à l’unification, après l’effondrement du bloc de l’Est. et l’adhésion de nouveaux états membres, dans la famille européenne, la tâche primordiale de l’Europe de demain sera désormais celle de faire les citoyens, en installant l’Europe dans le cœur de ses élites et de ses peuples.
Or, l’unité des élites a eu des précédents historiques pendant trois siècles, le XVIII, le XIX et le XX -ème.
Le Maréchal de Saxe emblématise et préfigure cette identité de jadis et cette symbolique de la communauté spirituelle qui régnait à l’époque, car, né Prince de Pologne, il fit ses épreuves et ses exploits comme soldat et Maréchal de France au service de Louis XIV.
C’est dans ce souvenir et dans cet esprit que l’année d’adhésion des pays de l’Est a été célébrée au sein de l’Académie. Cette unité retrouvée est en large partie à accomplir. En effet le nom de cette personnalité d’exception indique tout simplement un chemin à parcourir, celui de faire les européens, de la même manière qu’après le processus d’unification italienne, le Premier Ministre d’Azeglio proféra la phrase célèbre : « Nous avons fait l’Italie, il faudra faire les italiens ! » Une prophétie qui a encore de l’avenir !
PROMOTION K. W. Von METTERNICH
De L’âge européen à l’âge planétaire
2006-2007
L’implosion puis l’effondrement de l’empire soviétique n’ont pas encore cessé de produire des dislocations majeures en Eurasie, des adaptations régionales dans le monde.
L’idée de stabilité et de stabilisation redevient l’une des idées centrales du système international du XXI ème siècle, si jamais elle avait été oubliée. En effet si la notion d’ordre est une métaphore plus qu’une réalité de la logique des systèmes, l’idée d’équilibre et de symétrie, tendant à prévenir et limiter l’ampleur des conflits, tient toujours une place dans les esprits des analystes, des stratèges et des Hommes d’Etat.
La morphologie du système international de demain, unipolaire (USA), unipolaire élargi (USA+E), tendanciellement multipolaire (USA, UE, Russie, Chine, Japon, Inde), ou à nouveau bipolaire (USA + Chine), dans une perspective de moyen terme, ne peut éclipser ni l’idée de légitimité ni celle de système.
Quant à l’idée de système, celui-ci n’est qu’une abstraction, car le principe directeur de l’ordre mondial dépend des ambitions ou du degré d’insatisfaction de ses acteurs majeurs et de la tâche active des Hommes d’Etat et de leurs proches conseillers.
Ainsi l’analogie entre deux périodes historiques, l’âge européen et l’âge planétaire, issues de deux effondrements décisifs, le rêve et l’ambition démesurées de Napoléon et, plus près de nous, l’utopie et les ambitions de Moscou, après ces deux échecs, l’idée de légitimité et de paix d’équilibre semblent devenir les clés et les fondements de la stabilité entre les nations, entre les grandes et les moyennes puissances. Aucune perturbation majeure ne se profile, pour l’heure, à l’horizon de l’histoire sauf peut-être dans l’arc de crise qui va de la Syrie au Golfe et dont l’épicentre est le Proche- Orient.
Ainsi quels enseignements, l’idée de limite, de modération et décision pondérée, peuvent-elles fonder de nouveaux principes, de nouveaux axiomes et de nouveaux codes de conduite, conventionnels et nucléaires ?
Au cœur de la vie internationale de demain et de l’ordre du monde qui se dessine l’unité morale, culturelle et politique des élites européennes s’impose.
Elle doit être formée dans le feu d’une scène internationale devenue plus complexe et plus implacable et qui a besoin d’un leadership responsable, entraîné à la logique du monde global, une logique différenciée à soumettre à une intelligence géopolitique et stratégique acceptant mais tempérant l’exercice brutal de la force.
C’est l’entendement pour laquelle œuvre l’Academia Diplomatica Europaea dans l’exercice d’une fonction de prévention active des conflits et d’analyse du système mondial.
Un constat s’impose.
A l’aube du XXI ème siècle la géopolitique reprend son poids et dicte ses contraintes aux décideurs politiques et aux faiseurs d’histoire. Sur quoi pourra-t-elle reposer la vision d’un nouveau partenariat des nations et la redistribution mondiale de la puissance. ?
Celle d’un équilibre planétaire tout à fait relatif, en mesure d’instaurer, à l’image de l’organisation du Concert Européen issu du « Congrès de Vienne »,un ordre international entre les continents, aussi viable que l’équilibre de l’âge européen qui dura cents ans.
La transition vers un ordre nouveau fait toujours apparaître l’ancien comme anachronique de telle sorte que la stratégie de «l’élargissement de la démocratie » tend à remplacer la « stratégie de l’endiguement ».
Et dans ce sillage, quelle est la préfiguration de la « stratégie de l’endiguement » face à l’islamisme, qui ne fasse pas oublier l’équilibre de puissance ?
PROMOTION SUN TZU
De l’âge européen à l’âge planétaire
2007-2008
De l’Europe et l’Eurasie. Un changement des paradigmes géopolitiques. Vers un système multipolaire ou une nouvelle bipolarité ? Logiques géopolitiques et stratégies comparées de l’Occident et de l’Extrême Orient.
Sur la montée en puissance de la Chine et d’autres centre de pouvoir en Eurasie. « Elargissement de la Démocratie »
ou « nouvel endiguement » ?