« PRINTEMPS EUROPÉENS » et « COUPS D'ÉTAT »
À propos de F. Fillon et de la France
Irnerio Seminatore
(Bruxelles, 6 mars 2017, 10h00)
Une « saison révolutionnaire » s’ouvre-t-elle en Europe avec la décomposition de la société française et de son système politique, les attentats du terrorisme islamique, les émeutes des banlieues et la dénonciation par Fillon d’un assassinat politique à son encontre ? Un Coup d’État institutionnel a-t-il mis en danger l’alternance de la droite aux élections présidentielles, privant le pays d’un homme et d'un débat d’idées indispensables ?
Si la réponse est oui, la France a été poussée vers les dérives des désordres publics et, après le vote, vers des troubles et des règlements de comptes, dont la seule issue est un état d’exception institutionnalisé et permanent.
On pourrait résumer la situation française par la question machiavélienne, à peine déguisée : « Peut-on s’emparer d’un régime présidentiel en démocratie par la ruse, par l’intrigue, par la connivence de la finance internationale et, in fine, par un Coup d’État silencieux ? Et comment le conserver ensuite, sans la force et sans le consensus, face aux résistances et à la révolte qui ne tarderaient pas à battre le pavé des villes et de leurs voisinages ? Pour terminer, ne devrions nous pas nous demander, de manière plus large : « Y a t-il risque de décompositions violentes en Europe, en relation à ce Coup d’État et aux ruptures politiques qu’il entraîne, impliquant une remise en cause de la démocratie et des relations communautaires dans leurs ensemble ? »
En effet, si la révolution est la destruction violente et rapide d’un système politique, provoqué par la désaffection du peuple et la désarticulation interne des institutions de l’État, la situation qui s’ensuit met au premier plan deux préoccupations ; les enjeux de sécurité et l'exigence d'un ordre constitutionnel plus contraignant et plus fort, dans son rapport à l’ennemi de l’intérieur, absent du débat, mais en embuscade.
Cet ordre défendrait-il la liberté ou le pouvoir, la démocratie ou le nouveau régime, l’espoir du renouveau ou le prolongement du gouvernement antérieur ?
Et encore, comme le « légalisme » républicain de certains influencera-t-il la légitimité acquise au cours des primaires ? Le Coup d’État dénoncé et, de fait, accompli, est beaucoup plus qu’un complot et beaucoup moins qu’une insurrection, car il équivaut, au niveau des individus, à la forme la plus achevée de la jalousie et de l'ambition et, au niveau du système, à la remise en cause de l’équilibre des pouvoirs de Montesquieu, par le primat accordé au pouvoir judiciaire sur le législatif. Cette machination n’est en réalité rien d’autre, vis-à-vis de la mondialisation, qu’un toilettage des conventions républicaines et une pièce tournante d’un « puzzle » global des puissances étrangères. Que veulent-ils les réalistes et les moralistes à outrance et qu’espèrent-ils les « séditieux » en papier, ces maîtres en ruses, en mensonges et en intrigues, cachés derrière les rideaux des trahisons et des complots ?
Veulent-ils défendre l’État, qui a été affaibli par la gauche, grâce aux manipulations de la Justice et des Médias, ou bien veulent ils instaurer un nouveau rapport de forces dans la société et dans l’opinion ?
Oui ! Le « Coup d’État » accompli est un pas vers la déstabilisation de la France et de l’Europe et il est porteur d’inconnues et accoucheur de désordres publics.
Oui ! Il met à l’ordre du jour l’idée d’un changement par la « guerre civile » et par une violence latentes.
Nous verrons dans les semaines qui viennent, si la légalité des institutions sera plus forte de la légitimité des adaptations aux équilibres de pouvoir et si la souveraineté s’imposera sur l’intrigue ? Nous discernerons également si la crise de la République française entraînera la chute de l’Empire Européen périclitant.
L’originalité de cette situation, marquée par la division et la désertion de la droite, en connivence avec la corruption des séditieux du centre et de la gauche, est de savoir si elle augmentera leurs chances de réussite ou si, elle ne sonne pas son inexplicable suicide politique ?
En validant ainsi le « Coup d’État », sans parvenir à le condamner moralement et politiquement et sans définir un sursaut national, la droite et le centre ne reportent-ils pas, tout simplement, le jour de la vengeance et le décret de leurs propres mises à mort futures, par pur cynisme et par pur appétit de pouvoir ?
L’offensive simultanée et conjointe de la gauche, de la droite et du centre, sans un plan ou une doctrine de combat, évitera-t-elle demain une « guerre civile », y compris ethnique, ou ne sera-t-elle le cumul catastrophique « du déshonneur et de la défaite » ?
A qui profitera la « parlementarisation » indirecte de l’islamo-gauchisme et du multi-culturalisme, tentée et non réussie par F. Mitterrand, Chirac et Hollande, dans le but d’intégrer le monde musulman par l’État social et le suffrage universel ? Cette stratégie a comporté, comme revers, la légitimation du Front National comme parti du peuple, comme parti anti-système et comme alternative constitutionnelle.
Par ailleurs, les attentats islamistes, les émeutes des banlieues, les exactions de Daesh et la « soumission » des élites, ont fait prendre conscience de l’existence de deux sociétés incompatibles et en guerre. Or l’affaiblissement de l’État, des corps constitués, de la Nation et globalement de la République, comme remparts de la France, aurait dû faire prendre la mesure de l’état de santé d’un pays, qui a atteint le seuil de rupture et de non retour, celui d’une remise en cause de son héritage et de sa civilisation et que, au-delà de cette limite, il n’y a que l’aventure, pour la France et pour l’Europe.