PEUPLE, POPULISME ET VULNÉRABILITÉ DES RÉGIMES DÉMOCRATIQUES

Auteur: 
Irnerio SEMINATORE
Date de publication: 
17/10/2018

Peuple, populisme et vulnérabilité des régimes démocratiques

Si la théorie de la société de masse adopte deux explications opposées pour identifier la vulnérabilité des systèmes démocratiques, l'une oligarchique et l'autre démocratique; la première met en valeur, comme causalité du populisme, la perte de l'exclusivité du pouvoir de la part des élites, un pouvoir qui passe de main et qui est approprié par des personnalités anti-système, la deuxième attribue la montée de la participation populaire à l'autonomisation de la société et à la mobilisation d'individus isolés, sous l'emprise de nouvelles élites, accédant au système politique par une promesse de réformes larges et par un interventionnisme étatique fort.

Or la vulnérabilité des systèmes post-démocratiques vient de l'absence des fondements de l'intégration des groupes qui composent les sociétés occidentales modernes. Le problème central de ces sociétés est l'aliénation culturelle qui est à la fois sociale, raciale et religieuse. Dans le contexte de ces sociétés, l'aliénation des élites est mondialiste, celle des classes moyennes bureaucratique, celle des classes populaires étatiste et celle des exclus et des marginaux des banlieues, nihiliste. C'est une aliénation dépourvue de valeurs d'appartenance communes, due à la carence d'emprise des hiérarchies traditionnelles, incapables d'unifier et de gérer la fragmentation des groupes. En termes d'objectifs sociaux, l'action de masse des classes intermédiaires est condamnée au réformisme, celle des élites mondialistes à l'intégrationnisme supranational, l'orientation des élites anti-système au populisme et l'inertie des exclus aux solidarismes altermondialistes en révolte, épris par des tentations gaucho-djihadistes. De nos jours, la vie urbaine et des banlieues atomisent les groupes sociaux traditionnels, individualisent les classes moyennes de bureaux, éliminent la participation sociale et annihilent les capacités de direction des élites mondialistes, déconnectés de tout lien social, rendant vaine et illusoire toute solidarité universelle. L'humanitarisme philosophique couronne cette aliénation générale des sociétés et des groupes, par la déconstruction critique du rationalisme des Lumières et par l'abandon de toute politique libérale, qui renvoie à la philosophie universaliste des droits de l'Homme. Sur cet ensemble dispersé règne le concept de compétition, de dépolitisation et d’État assistanciel en détresse. L'idée d'égalitarisme et de démocratie, comme convergence éthique, inspirée par une finalité commune ou par une volonté générale aux appropriations disputées, définit un idéal révolu, qui appartient désormais à la littérature sociale des XIX et XX siècles.

L'auto-exclusion des communautés immigrées de l'ensemble du « peuple », comme corps politique de la nation et la résilience de ces communautés comme emprises étrangères de langue, d'esprit, de mœurs et de religion, transforme ces communautés en réservoirs de révoltés et en une véritable « quinte colonne » de l'ennemi, prête à l'explosion et à la violence.

L'appel aux intérêts du "peuple" et la vulnérabilité sociale de l'immigration

La vulnérabilité sociale et ethnique la plus importante des systèmes démocratiques d'aujourd'hui est l'immigration, qui a pour origine la fiction de l'égalité, pour mode d'existence l'apartheid et pour corrélat solidariste l'assistance. Elle a aussi pour fondement une utopie théocratique, prêchant l'unité fusionnelle du pouvoir et du religieux, sous l'autorité de ce dernier. C'est l'auto-institution imaginaire des banlieues en « Califat » mythique. Si la notion du « peuple » désigne couramment une des trois composantes de l’État (peuple, gouvernement, territoire), toute communauté qui partage le sentiment d'une appartenance durable, doit disposer d'un passé commun, d'un territoire commun, d'une religion commune et d'un sentiment commun d'identité, pour se définir en termes d'avenir comme « communauté de destin ». Ce groupe social peut se considérer comme « nation » ou comme entité souveraine, s'il revendique le droit politique spécifique de s'ériger en État ou en République. Rien de tel pour les masses immigrées, non intégrées, étrangères à la cité politique et à toute forme de gouvernement ou de régime politique, sauf à celui, égalitariste par principe, qui leur promet avantages et ressources et qui s'identifie, sauf exceptions, à la gauche.Ces masses incultes, réactives et violentes, revendiquant une solidarité sans réciprocité, apathiques au travail, engluées dans leur milieu résidentiel aux trafics illicites, combattant pour d'autres Dieux, sont à la charge de la communauté des citoyens majoritairement hostiles à leur présence.

Si la politique privilégiée du peuple (« démos ») est la démocratie, l'appel démagogique aux « vrais » intérêts du « peuple » s'appelle « populisme », une forme de salut, contre les maux de la société et une espèce de sauvegarde contre la trahison des élites corrompues.