Le Twitt de la météorologie politique de l'Union est formel:
"Brouillard sur la Manche. Le continent est isolé"
Les conclusions du Sommet Extraordinaire de Bruxelles ont été un échec et les négociations ont manifesté des divisions considérables parmi les 27 et un effilochement de la volonté unitaire de l'Union, sans précédent. Au même temps une grande fébrilité et un optimisme de rigueur règnent en Grande-Bretagne qui reprend le contrôle de sa politique migratoire et la durcit".
Le sommet a marqué la fin du modèle allemand et a déboussolé le couple franco-allemand, empêtrée dans l'hypocrisie habituelle, quant à la montée électorale des droites qui constituent à leurs jeux une menace, en passant volontairement sous silence le terrorisme islamiste.
Propositions d'amputation et fragmentation de l'UE
A Bruxelles les pays de l'Union ont réagi différemment à la proposition d'amputation des montants alloués à chaque État-membre pour l'exercice 2014-2020.
De fait l'Union s'est fragmentée par groupes de pays :
- Les pays "frugaux", contributeurs nets et économes (Autriche, Danemark, Suède et Pays-Bas), globalement inflexibles sur le "rabais" proposé
- les pays "gourmands" (dont principalement la France, pour ce qui est de la politique agricole commune (P.A.C.), dont le budget passerait de 410 milliards d'euros à 329 et serait amputée de 30%, disposés à se battre
- les pays "de la cohésion" ou, selon un diplomate nordique, les "pays de la corruption" (pays de l'Est, pays baltes, Espagne, Portugal et Grèce), réactifs et insatisfaits
- les pays "à déséquilibre démocratique" ou "à démocratie illibérale" (Hongrie, Pologne, République Tchèque), dont les aides sont conditionnées à l’État de droit, craintifs
- L'Allemagne, se plaignant que "l'équilibre entre les contributeurs nets (qui payent plus qu'ils ne reçoivent) "n'a pas été correctement négocié", insatisfaite
Entre temps, de l'autre côté de la Manche, le Royaume-Uni a repris le contrôle de ses frontières et réduit le niveau de son immigration, dans l'objectif selon Priti Patel, Ministre de l'Intérieur, est de"créer une économie à hauts salaires, hautes qualifications et forte productivité ".
En passant des défis spécifiquement européens ,aux défis globaux, l’interdépendance des sociétés et de l’inter-connectivité des comportements, font que l’État, comme unité de base du système international est brusquement confronté à des choix, qui exigent coopération et partage des responsabilités.
Il s'agit là de défis globaux, qui débordent des limites de ses pouvoirs, au sujet de certains besoins fondamentaux, qui sont à satisfaire désormais collectivement (croissance, énergie, moyens d’échange, dérèglement climatique et ressources).
Ces besoins demandent à clarifier la poursuite des processus d’intégration et requièrent une gestion du système, basée sur le dialogue multilatéral.
Un dialogue, qui peut être appréhendé par le recours à des conceptions différentes sur la manière de procéder, mais qui devrait s'inspirer du paradigme minimaliste et dépolitisé de la « gouvernance », ou de celle, intermédiaire, de la coopération intergouvernementale et transnationale. La première est caractérisée par l’offre de biens collectifs (monnaie stable, marchés ouverts, etc.), la deuxième est dictée par la logique de la solidarité des intérêts et de la convergence interactive des États.
Toute unité politique doit donc prêter une attention particulière aux changements en cours dans le cadre de la transition énergétique et de la lutte contre le changement climatique, et accorder la plus grande importance à la géopolitique des ressources et à leurs exploitations.
Ce sont là des mutations qui impactent les dynamiques socio-économiques à l'échelle nationale, régionale et globales. En constituent des exemples probants, la Cop.21, la chûte des coûts de énergies renouvelables et leur importance dans l'électrification de l'Afrique sub-saharienne. Autre aspect significatif et politiquement conflictuel, le rôle clé de la Méditerranée orientale en ce qui concerne les approvisionnements européens.
L'Union Européenne et le cadre financier 2021-2027
La méthode du dialogue et du compromis face à une transition écologique à fort impact institutionnel et politique a été adoptée par le conseil européen extraordinaire des 20 et 21 février 2020.
La négociation sur le nouveau cadre financier pour la période 2021-27 est confrontée, en son fond, à la résolution d'un nœud budgétaire, attenant à trois politiques d'avenir: la nouvelle politique digitale, le green deal climatique et l'effort de crédibilisation de la politique étrangère et de défense commune.
Il s'agit d'une série d'engagements qui exigent un budget communautaire plus important de l'actuel et auquel font défaut 12 milliards de la contribution britannique, 7 milliards pour le fonds européen de défense, 7,5 milliards pour la reconversion énergétique régionale (charbon) et 21,9 milliards pour l'immigration et la défense des frontières.
Derrière la résistance de certains pays à l’augmentation du budget européen se cache la philosophie d'une considération purement comptable de l'Union, héritée de la Grande Bretagne, (résumée par l'expression thatcherienne "I wont my money back"), qui ne comptabilise pas toutefois les avantages indirects de la participation au marché unique et l'effet mutiplicateur des investissements et du commerce en son sein (1,50 euros pour 1 euro de contribution)
La recherche d'alternatives ou d' autres options (carbon tax, web tax, ou ressources propres de l'Union, qui concernent, pour la France, la politique agricole commune à hauteur de 30%), soulignent non seulement la relation étroite entre économie et politique, mais les difficultés de mise en oeuvre du programme de la nouvelle Présidente Ursula von Leyen sur le rôle géopolitique de l'UE.
La stratégie digitale européenne
Par ailleurs, face à l'inflation des données produites et gérées quotidiennement dans la société et à la croissance exponentielle de celles, en provenance des organismes privées et publiques, dans un contexte d'ultra-connectivité générale, le commissaire au marché intérieur Tierry Breton a présenté la stratégie digitale européenne, visant à assigner un rôle de leadership à l'Union Européenne, qui permette un développement des services et l'agrégation pan-européenne de secteurs d'activités comme la santé, l'industrie manufacturière, l'agriculture, la finance, l’administration publique, l'environnement et autres.
Le but essentiel est de désengager l'Europe de la dépendance des plate-formes américaines ou chinoises, créant un instrument de régulation exemplaire pour une autonomisation effective du continent.
Ainsi Bruxelles, à travers la signature avec les États-Membres, d'un "Mémorandum of Understanding", engagerait un investissement considérable pour la période 2021-22 et pourrait mobiliser 2 milliards d'euros immédiatement, sur un projet pouvant coûter de 4 à 6 milliards.
Inutile de comparer les chiffres et les critères de dépenses prévues pour l'immigration et la défense des frontières (21,9 milliards d'euros) et ceux qui sont consacrés aux investissements d'avenir, concernant les européens de souche.
Les chiffres du budget européen sont significatifs de deux aspects de la fissuration du continent: la fragmentation avancée des égoismes nationax et l'éloignement des mesures prises par la Grande Bretagne à propos de l'immigration, dont l'impact sécuritaire remet à l'ordre du jour, en Allemane et ailleurs, l'hypothèse, réaliste, de la" guerre civile qui vient "(Yvan Rioufol).
L'attentat de Hanau, le racisme anti-musulman et "le poison" de M.me Merkel
En raison des réactions à la vague d'immigration illégale de 2015, permise et encouragée par A.Merlel, l'Allemagne plonge dans la vengeance anti-immigrationniste avec un attentat, qui a fait neuf victimes turques.
Le caractère "profondément raciste" de ce crime, invoqué par le parqué fédéral, est fermement contesté par Ozan Zakariya Keskinkilic, chercheur à la Humboldt Universitet de Berlin, auteur d'un essai au titre "Le débat sur l'Islam appartient à l'Allemagne", pour qui : "C'est trop simple de désigner l'extrême droite comme seule responsable de ce qui s'est passé à Hanau. Le racisme et, en particulier, le racisme anti-musulman - existe en dehors de l'extrême droite".
A ce sujet l'AfD (Alternative für Deutschland) se défend de toute implication dans l'amplification de la violence xénophobe par une déclaration publique, dans laquelle ce parti nie ouvertement le caractère idéologique de la tuerie de Hanau.
Par un paradoxe extrême et irresponsable, la Chancelière A.Merkel, qui a invité le "poison" islamique dans son pays, condamne la poison du racisme qu'elle a inoculé chez elle.
Or, l'expérience historique montre que toute invasion imposée est rejetée et combattue.
Cependant, malgré les réactions éparses mais significatives, en Allemagne, France, Italie et ailleurs, la criminalisation de l'islamophobie est une perversion institutionnelle commune, qui provoque la montée en puissance d'une révolte des peuples autochtones, victimes d'une aliénation identitaire et réprimés par des élites, asservies à des conceptions sociales destructrices.
Ainsi, le questionnement sur l'islamisation de nos sociétés occidentales, revient au premier plan, pathologique et accablant.
En effet, l'immigration extra-européenne et musulmane est le terreau de ce meurtre et obéit à un dessein d'invasion, qui est à la racine d'un terrorisme islamique, insuffisamment reprimé.
En Europe l'inaction des gouvernements face à une immigration de peuplement et de conquête spirituelle, constituant le revers de la globalisation, a creusé des dégâts difficilement réversibles. Au regard sociologique, cette vague a secoué en profondeur les équilibres démographiques, culturels et religieux de l'Occident et de l'Europe.
Au cours des années, le vécu psychologique de ce phénomène a aggravé toutes les anomies, déjà présentes dans les sociétés d'Occident et a provoqué une crise de rejet, de plus en plus avouée, de nature politique et culturelle, dont la forme publique est le populisme et son antidote idéologique, le négationnisme "démocratique".
En réalité le problème de l'immigration est devenu la grande question sociétale du XXIème siècle, celle qui concerne la nature de la société européenne de demain, la question englobante, résumant les grandes composantes d'avenir, la politique européenne d'accueil et de libre circulation, la politique de développement et d'emploi, et, pour terminer, la politique culturelle, éducative et sécuritaire.
Au regard de cet acte de terreur, sa signification est à rechercher en amont, dans la réaction au meurtre de l'archétype imaginaire de la société.
En effet toute société a, selon Cornelius Castoriadis, une institution archétypique, celle de sa fondation imaginaire et de l'idée centrale qui préside à son origine, européenne et non musulmane.
Selon cette interprétation qui n'a rien de paradoxal, le message du crime serait politique et le négationnisme qu'il dévoile, une réaction consciente et délibérée, aux yeux du tueur, à la cécité intellectuelle des gouvernants et à l'énième traîtrise des élites progressistes.
Certes Messieurs ! Thomas Rathjen est un déséquilibré! Mais il est surtout un vengeur !
Et sa vengeance contre les classes dirigeantes coupables, qui ont voulu et veulent le meurtre symbolique et démographique de la société allemande, relève d'une "blessure de l'imaginaire archétypique", essentiel à la culture et à l'existence mythologie de la société allemande et à celle, tragique, d'un recours sanglant et extrême à une pathologie du désespoir.
Bruxelles le 21 fevrier 2020